Rencontre avec la dernière journaliste à avoir interviewé Claude François !
Ecrit par Marie TERRYle 14 mars 2012
CloClo en Live ? CloClo Alive ? Presque… car j’ai eu le privilège d’interviewer la dernière journaliste qui a interviewé CloClo 2 jours avant son décès. La pétillante Véra Baudey que je suis chanceuse de connaitre, est la dernière journaliste à avoir vu Claude François et surtout à avoir passé l'une des dernières soirées, le […]
CloClo en Live ? CloClo Alive ? Presque… car j’ai eu le privilège d’interviewer la dernière journaliste qui a interviewé CloClo 2 jours avant son décès. La pétillante Véra Baudey que je suis chanceuse de connaitre, est la dernière journaliste à avoir vu Claude François et surtout à avoir passé l'une des dernières soirées, le mercredi 8 mars 1978 en sa compagnie.
Pendant notre entretien, elle nous a fait revivre ses dernières heures comme si nous étions avec Claude François et parle de lui avec enthousiasme. A l'époque, elle était très jeune et travaillait déjà comme journaliste et correspondante pour plusieurs radios. Au moment de l'interview de CloClo, c'est en tant que correspondante de deux radios allemandes qu'elle couvre le sujet.
Le sujet « Claude François« ,le chanteur français à succès, « pour petites femmes idiotes » diront certaines mauvaises langues, peut être, pourtant, il y une façon autre d’appréhender ce personnage, et le temps et l'histoire donneront raison à cette autre approche.
Claude François est encore dans les esprits et est devenu un mythe au fil des années, une sorte de sortilège. Souvent, les gens qui disparaissent jeunes créent ce mythe et deviennent une légende. L’actualité confirme d'ailleurs cette tendance… Les exemples de stars qui quittent ce monde trop tôt et rentrent au « Panthéon » des stars de légende sont nombreux.
Claude François ne déroge pas à la règle, il est décédé à l’aube de ses 40 ans en pleine jeunesse. Docu, reportages, émissions lui sont consacrés au fil des années même si cela fait 34 ans cette année qu'il disparaissait ,« On » parle encore beaucoup de lui au présent . Le meilleur exemple est le film CloClo réalisé par Florent Emilio Siriqui avec Jérémie Renier dans le rôle principal, qui sort aujourd'hui. Il est promu à un grand succès si on écoute et lit les critiques et si on croit à notre instinct… Le site TrucdeNana l'a vu et a été séduit.
Si Véra devait résumer en un mot ce personnage si complexe, elle dirait : « Le Bill Gates de la chanson, celui qui a construit un Empire ». Ce qui peut parler aux jeunes qui ne comprennent peut être pas cet engouement pour ce chanteur à la « voix nasillarde ». Claude François lui-même, utilisait ces termes.
C'est pour toutes ces raisons que nous avons voulu recueillir la dernière interview du célèbre chanteur faite par notre amie Véra.Une ultime rencontre en exclu pour TDN. Et nous la remercions vivement…
« J'avais rendez-vous avec le chanteur le vendredi 10 mars 1978 à son domicile parisien, boulevard Exelmans à 20h. Arrivée au lieu dit, à l’heure dite, j'étais intimidée à l’idée de rencontrer cette star. J’étais très jeune, j’avais préparé mes questions et je venais avec mon dictaphone pour enregistrer l’interview. Son assistante m’a ouvert la porte et a mis à ma disposition une bonne bouteille de vin pour que je patiente avec toute l’hospitalité qui caractérisait Claude François. J’ai bu toute la bouteille, moi qui ne buvais pas ! Du haut de ma petite vingtaine, imaginez la suite…
Il est arrivé 2 heures plus tard, soit à 22 h. Il arrivait en jet privé de Suisse. Lui était « frais comme un gardon » comparé à moi.
Tout de suite, il a été très sympa avec moi, il m'a mise à l'aise, m’a accueillie à « l’oriental » : celui qui vient vers toi, te regarde, te touche. » Oui, Claude François aimait les gens, avait ce côté tactile des orientaux.
Il s’est livré à mes questions avec un naturel généreux, 1h 20 d’interview anticonformiste. Je riais à ses propos, tout se déroulait à merveille. 23h20, l’interview se termine, il me propose de dîner avec lui.
Non pas en tête à tête ! Il était toujours entouré d’un staff qui lui était fidèle. Cela dit, j’ai quand même eu le privilège d’être assise en face de lui, ce qui m’a valu des regards suspicieux et réprobateurs. Mais je m’en fichais.
Nous sommes allés dîner dans un restaurent de poisson très réputé, le restaurant Leduc, la soirée a été hors du temps et s’est prolongée tardivement.
J’étais loin d’imaginer que c’était sa dernière soirée. Même si certains de ses propos peuvent être qualifiés, si on doit mettre un mot savant dessus, de prémonitoires…
Oui, il a parlé ce soir-là de la mort. Il la redoutait, elle n’entrait pas dans son défilement. Il le disait, « je redoute la mort, je n’arrive pas à l'envisager, je suis éternel et pourtant je sais qu’elle arrive à grands pas ». Je le qualifierai de fataliste optimiste.
Ses phrases, ce soir-là, étaient empreintes de ce commencement « Si je devais mourir demain… » ce qui est d’ailleurs des paroles des chansons de Pascal Obispo, de Michel Fugain, de Johnny Hallyday mais pas ses paroles à lui…
Après ses dires, je ne pouvais pas la quitter sans lui poser cette question : « Pourrait-on y voir une tendance suicidaire comme certains l’ont murmuré ?«
Sûrement pas!, s’écrie Véra. C’était un homme complètement Vivant qui remerciait Dieu de la vie et qui commençait aussi ses phrases par: « si je devais devenir handicapé, muet, sourd, aveugle, tant que j’ai la vie, tant que je peux humer l'air, rien ne m'arrête. »
Ce qui l’a arrêté, pourrait-on dire, c’est un défaut ridicule, la maniaquerie. Claude François était en effet un grand maniaque (le film de Florent Emilio Siriqui le dépeint bien).
Il est mort par électrocution dans la salle de bains, boulevard Exelmans à Paris, alors qu'il tentait de redresser une applique en cuivre qui était de travers sur le mur au dessus de la baignoire… Une mort idiote comme on dit, oui une mort accidentelle … On est le 11 mars 1978, et Véra apprend la mort de Claude François par son mari et ne veut pas y croire.
L’interview de Véra sera diffusée sur de nombreuses radios le 11 mars et les jours suivants. Le patron de l’époque d’Europe 1, a écouté l’enregistrement et presque mis en doute la vérité de cette interview tant elle était étrange par rapport au contenu et à ce qui arrivait ce jour là.(il pensait presque qu'elle avait engagé un imitateur et lui avait soufflé les paroles!)
Mais non tout était vrai. Alors, fatalité ? Le fameux « Inch Allah »des orientaux ?
A l'issue de mon entretien avec Véra, je me suis permise de lui demander si elle irait voir le film CloClo du réalisateur Florent Emilio. A ce jour, elle ne sait pas encore si elle ira le voir, me confiant qu'elle préfère vivre « le présent et le futur et qu'elle préfère « garder intacte cette dernière rencontre qui appartient à son passé. »
Ce qui est sûr, c'est que Véra, aujourd'hui Rédactrice d’un très beau magazine le bimestriel Winner,l’aurait pris dans son journal comme première de couverture et aurait signé un beau portrait de Claude François.
La Une de son magazine Winner avec Bill Gates (il y a eu aussi Steven Spielberg et celui de ce mois-ci sort avec Sébastien Loeb en couv).
Pour clore cette rencontre, Véra a une belle réponse aux rétracteurs qui disent que Claude François est démodé : « Oui, Il était déjà démodé à l’époque de son vivant car il était en avance… ». D'ailleurs, le film Clo Clo retrace très bien le côté visionnaire de Claude François et tous ses autres côtés avec justesse et rigueur. Jérémie Renier est époustouflant dans ce rôle de composition.
Et ne me dites pas que vous n’avez jamais dansé sur « Alexandrie, Alexandra » et j’en passe ! Rien que pour cela, vous devez aller voir le film !
Par Marie TERRY
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