La tectonique des sentiments

L’auteur des excellents « La Part de l’Autre » (quel aurait été le destin du monde si Adolf Hitler avait remporté le concours d’entrée de l’Ecole d’Architecture ?), « l’Evangile selon Pilate » (ou comment Ponce Pilate aurait mené son enquête sur les évènements troubles liés à Jésus Christ) et « Lorsque j’étais une Œuvre d’Art », vient de s’essayer à nouveau au théâtre début 2008 (sa première pièce ayant été « La nuit de Valognes ») et nous propose une vision de l’amour entre dérision, humour et cruauté avec « La Tectonique des Sentiments » (attention, rien n’à voir avec la danse !) paru aux Editions Albin Michel.
Il s’agit d’un suspense psychologique où le jeu de l’amour de Diane, en proie au doute dans le couple qu’elle forme avec Richard, frôlera le jeu de massacre. Pourtant, elle est heureuse, épanouie, mais fragile. Ainsi, lorsqu’elle soupçonne que Richard l’aime moins qu’auparavant, elle décide de le mettre à l’épreuve : elle lui explique que leur vie de couple a changé depuis quelque temps, que l’amour passionné n’est plus et qu’ils sont peut-être au fond que de simples amis… Ce que Richard accepte, proposant ainsi une rupture. Diane se sent alors trahie, humiliée et la vengeance semble donc être inéluctable.
Le cadre est élégant, les mots justes et l’humour omniprésent. On trouve également une certaine forme de perversion et de tromperie qui oscille sans cesse vers la tragédie humaine. Finalement chaque protagoniste fera le chemin de l’amour de l’autre en retrouvant l’amour de soi. Le style est limpide et, à part les titres des chapitres évoquant les lieux de l’action, on oublie plus d’une fois que nous lisons une pièce de théâtre. La pièce met en scène cinq protagonistes : Diane et Richard donc, Madame de Pommeray (la maman de Diane qui ne survit que grâce au charme de son « gendre »), Elina et Rodica, deux anciennes prostituées qui joueront un rôle capital dans la machination sordide orchestrée par Diane.
A mon avis, la pièce se lit (un peu trop) vite et le manège des personnages (surtout celui de Diane) pourra en irriter plus d’un tant les sentiments peuvent être interprétés de manière quelque peu manichéenne mais gardons en tête qu’il s’agit avant tout d’une pièce de théâtre et que l’auteur a décidé de nous faire une démonstration de la difficulté d’aimer et de tous les questionnements (et psychoses) qui s’y rattachent où comment peut-on peut passer en une seconde de l’amour à la haine. Ce texte à surtout le mérite de nous faire réfléchir un tant soit peu sur notre bonheur et nous apprend également qu’il est parfois bon de faire preuve d’humilité en amour, notre ego pouvant être notre pire ennemi…