Rencontre avec Gabriella Corteze

Gabriella Cortese, la créatrice d’Antik Batik nous fait l’honneur d’être notre nana du mois de décembre

Ecrit par Marie TERRY
le 21 décembre 2011

Le jour de l’interview de Madame Antik Batik, j’avoue que j’avais joué placée, j’avais mis une robe Antik Batik d’une collection ancienne, une robe bleue que j’adore... Elle a souri, m’a dit qu’elle était toujours « contente » de voir une femme porter ses créations. En plus, elle m’a fait un gentil compliment. Le ton est donné, cette interview sera sympathique.

Gabriella est simple, généreuse et cela se voit tout de suite. Elle s’excuse même de m’avoir fait attendre. Je la rassure car j’étais très bien installée en l’attendant… Je profitais du cadre qui à lui tout seul était une invitation au dépaysement, un mélange de vintage chiné à Paris, les années 50 bien représentées, dans ce melting pot d’objets, des canapés banquettes aux miroirs et de sublimes témoignages rapportés de voyages lointains ou appartenant à son histoire familiale (comme une sublime nappe brodée par sa grand mère encadrée comme un tableau).

Elle était en retard à cause de ses mails. Comme Gabriella le dit « aujourd’hui, on ne fait que traiter ses mails ! ». Si pour elle l’ordi a du bon, elle aime surtout écrire à la main. Elle ne délaisse jamais son calepin et son stylo, ses carnets où elle consigne de petites notes… Elle en a même fait de sublimes carnets de voyage avec ses adresses glanées au hasard de ses rencontres d’ailleurs. (Ouf, je peux sortir mon cahier et ma plume sans passer pour une nana vieux jeu).

Elle exprime ainsi une « dichotomie » entre les nouvelles technologiques et les bonnes vieilles méthodes. Mais l’univers de Gabriella est dans cette dualité.Dualité de rester « artisan » dans un monde commercial et industriel, et ce n’est pas toujours facile.

Dualité d’être créatrice, donc la tête ailleurs et femme d’entreprise, la tête sur les épaules, qui gère 45 personnes, une vraie entreprise avec 1 500 points de vente,  une mode enfantine  proposée dans 300 magasins multimarques, quatre boutiques en nom propre à Paris, quatre autres au Japon et de nombreux corners dans des grands magasins, dont les Galeries Lafayette, le Printemps et le Bon Marché.

Mais la personne de Gabriella aime cette dualité qui traduit une grande polyvalence.

Gabriella Cortese : « Partie de rien, je fais tout maintenant ! J’ai toujours aimé être polyvalente. Je m’ennuie vite, alors j’aime faire plein de choses. »

Revenons au début de cette belle histoire d’Antik Batik…

Comment lui est venu le goût de la couture ? Petite, elle maniait l’aiguille et le fil, admire l’élégance de sa maman italienne et apprend à broder avec sa grand-mère hongroise.

L’ADN de sa marque est là, broderie, élégance et multi influences.

Italienne de naissance, elle quitte Turin, sa ville natale, arrive en France en 1984 et découvre Paris, sa vie nocturne, et s’enivre de liberté en sortant beaucoup.

Gabriella Cortese : « Il y aussi Saint-Tropez, où nous allions en vacances, le Club 55, avec sa faune internationale, le mythe de Brigitte Bardot et de Jane Birkin, et les filles qui bronzaient seins nus à la plage. Je suis tombée amoureuse de la France pour cette liberté, inconnue en Italie. »

L’esprit de la femme Antik Batik est aussi là : C’EST UNE FEMME LIBRE.

Arrivée en France à 18 ans, elle sera étudiante en lettres et en même temps, danseuse… au Crasy Horse ! On est loin de la petite fille qui a une formation de danseuse classique et qui évoluait en jupe plissée et chaussettes blanches. Mais rien n’est anodin ! Son éducation en Italie a donne un autre trait d’ADN et pas le moindre, le coté chic de la marque.

Alors comment est née cette idée de travailler dans la mode, loin des salles de danse, des scènes et des bancs de la fac qui pouvaient la conduire vers d’autres horizons ?

Elle me livre spontanément cette phrase que j’ai beaucoup aimée : « Je devais m’organiser un métier. » Sous entendu dans cette vie désorganisée et libre d’étudiante ?…

Et forte de son histoire personnelle, de ce qu’elle a appris avec sa grand-mère brodeuse, on a l’impression que ce métier se devait d’être dans la couture.A aucun moment, elle me parle d’une autre vocation ou d’une autre tentation.
Mais une autre chose qui va devenir essentiel, l’essence même de la marque, qui lui donne cette idée ou la conforte dans cette idée : les voyages qu’elle va faire comme toute jeune qui part découvrir et qui a besoin de se ressourcer.

« Comme les artistes effectuaient leurs humanités au XIX ième siècle », elle part au Tibet et découvre la route de la soie et c’est là que tout se concrétise, ou tout s’impose. Elle rencontre l’artisanat et des artisans. Elle tombe sous le charme de ces métiers, ce qui lui insuffle l’envie de se lancer dans la mode mais en intégrant dans sa création tout ce qu’elle a vu et découvert dans tous ses coins reculés.

Gabriella Cortese : « J’ai fait la route de la soie à l’envers, je suis partie de loin, de la Chine pour arriver en France. » Elle découvre des artisans qui cousent, brodent, mais là où est sa force et son génie créatif, c’est que Gabriella va adapter  « le made in artisanats locaux en « prêt-à-porter parisien, citadin » sans tomber dans le côté folklorique.

Gabriella Cortese : « Souvent, lorsqu’on voyage, on tombe sous le charme de créations locales,on chine des vêtements sur des marchés et, de retour chez soi,on s’aperçoit qu’ils ne sont pas du tout adaptés à son quotidien. »

Et s’il faut désigner « le » premier vêtement de cette belle histoire, cela sera le paréo. A Bali, le batik, technique millénaire d’impression de la soie lui inspire sa  première gamme de paréos. Au mot, Batik, Gabriella ajoute Antik. La marque Antik Batik nait en 1992.

Gabriella Cortese : « J’ai ajouté antik pour la rime et parce que cela sonne bien dans toutes les langues. »

Une marque, plus que cela, une philosophie, un art de vie, le bohème chic.Et aussi l’envie de faire vivre des artisans qui vont travailler à la main chaque pièce, ainsi s’ajoute la dimension humaine de la marque. Bali, très vite l’Inde qui va  devenir presque son deuxième pays et le Pérou, la Chine. Une vingtaine d’ateliers à travers le monde.

L’inde pour le fait main et pour des techniques comme le Bhandani,  le Pérou pour le tricotage, la Chine pour la Fourrure… Elle passe beaucoup de temps sur place.

Gabriella Cortese : « Aller là bas sur place me donne envie de vendre car ces gens vivent grâce à l’entreprise. Je connais leur famille, leurs soucis. »

Elle voyage souvent mais moins longtemps aujourd’hui avec son petit bout de chou qui grandit (5 ans) et qui a besoin de sa maman pour venir le chercher à l’école.

Je lui demande inquiète, comment arrive-t-on à faire toujours du nouveau dans une collection tout en gardant la trame ? Avez-vous l’angoisse de la feuille blanche ?

Gabriella Cortese : « Il ne faut pas être angoissé. L’influence vient de saison en saison. Il faut partir de quelque chose : Une couleur, une broderie, une expo…Par exemple, regardez dans la rue : un arbre vert, un bus passe et une  fille en jupe passe en même temps, superposition des images, une idée peut naitre. »

L’ idée est là mais Gabriella est aussi très à l’écoute des artisans qui vont travailler avec elle, sur la collection car selon elle un vêtement peut évoluer sur place.

Fort de toutes ses rencontres de par le monde, quel est aujourd’hui‘hui le style Antik Batik ? On aurait envie de dire, le rapprochement des cultures par la mode.

Gabriella a une approche très originale, elle pense que chaque ethnie a sa lecture mais que chacun peut se retrouver dans l’autre. Elle retrouve dans les ethnies qui ne se sont jamais croisées des similitudes :

Gabriella Cortese : « Les indiens d’Amérique ont les mêmes coiffes que les Tibétains. La berceuse de ma grand-mère hongroise est la même qu’une berceuse chantée au fin fond des steppes.« 

Elle s’inspire des toutes ces influences lointaines de tous ces peuples et les assemble dans de jolis patchworks.

Comment pourrait-on définir une nana Antik Batik ?

Gabriella Cortese :Voyageuse, libre, colorée, gaie, et imprimée. La lectrice dont la description se rapproche de ces mots, a remporté le sac lors du Jeu Concours Antik Batik !

Et les nanas people Antik Batik ?

Gabriella Cortese : En tête, Vanessa Paradis, Carla Bruni, Sarah Forestier, Elsa Pataki mais aussi beaucoup de costumes de films…

 

A l’approche NOËL, un quizz Noël s’imposait :

TrucdeNana : Le pire souvenir des fêtes de Noël ?Gabriella :  ……

TrucdeNana : Alors le meilleur ?Gabriella : La famille réunie, L’arbre de Noël avec ses boules colorées.
Le sac en jute
La porte qui sonne
Le père Noël qui s’échappe
(vous voyez qu’il existe ?)
Les paquets cadeaux

TrucdeNana : Qu’aimez-vous offrir ?Gabriella : De la nourriture, des chocolats.Quelque chose de brodé d’Antik Batik.

TrucdeNana : Le 25 décembre, vous faites ?Gabriella : Je me repose.

TrucdeNana : Le 31 ?Le mot a fusé… « cauchemar« . « Je le passe en petit comité mais c’est toujours moins bien que ce à quoi nous nous attendions. »

TrucdeNana : En 2012 ? Gabriella : Cela sera mieux.

TrucdeNana : Une résolution ?Gabriella : Aller droit au but (déjà, une de ces qualités).

TrucdeNana : Des trucs à dire à nos nanas ?Gabriella : Chacune a sa personnalité, il ne faut pas essayer de sortir de son être, il faut rester avec sa personne.Le monde est beau car plein de différences.

TrucdeNana : Un WE entre copines ?Gabriella : London (elle en revenait avec sa maman). Shopping à outrance jusqu’à écœurement (comme chez Top Shop), objets vintage à profusion (chinés aux puces).

Etant partie en Inde, elle n’a pas assisté à la vente aux enchères le 13 décembre dernier de sa poupée «  féerique »qu’on adore (photo ci-dessous) mais reviendra vite fêter Noël avec son fils et sa famille.

Alors, Gabriella, bonnes fêtes de Noël de la part de TDN !
Un grand merci pour votre disponibilité (c’est une de ses qualités) et votre accessibilité, votre gentillesse.

 

Une seule chose m’a peinée pendant l’interview…
La réponse de Gabriella à ma question « Et si c’était à refaire ? »
Gabriella Cortese : « Je ne le referai pas car cela demande trop de sacrifices, d’énergie. »

Et nous, les nanas Antik Batik, comment aurait-on fait ?
Et surtout EUX, tous les artisans de par le monde qui vivent et travaillent grâce à vous ?

 

Je préfère terminer sur cette note optimiste signée de vous, lue dans votre journal au format de l’équipe !
« En période de crise, on se tourne vers l’éthique, on revient aux choses vraies, aux racines. On a envie de fait main, d’authenticité et d’humanité. La main et l’humain font la différence. »

 

Tout est dit.
Alors longue vie à Antik Batik !

 

 

Propos recueillis par Marie Terry

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