Nouvelles du coeur : coeurs simples mis à nu

« Nouvelles du coeur » de Nathalie Lombard (éditions Bénévent) est un petit livre tout simple qui s’articule autour de cinq nouvelles évoquant l’amour et ses questionnements : L’amour peut-il durer toujours ? Peut-il renaître de ses cendres ? Que représente ce sentiment ? Illusion, phantasme, réalité ? Mais aussi plus grave avec la possibilité (ou l’impossibilité) de pardonner l’amour incestueux d’un père ou celui autoritaire et étouffant d’une mère. Mais encore : la passion peut-elle naître des simples lettres d’amour d’une inconnue et conduire jusqu’à la folie ? Autant de questions subtilement abordées au fil des pages que l’on pourrait trouver quelque peu naïves au début mais avec lesquelles on se prend rapidement au jeu.
On regrette parfois que ces nouvelles soient courtes (le livre fait une centaine de pages) mais leur effet est peut être plus fort ainsi : de courtes immixtions dans la vie de personnages au travers de leurs histoires d’amour, dans leurs pensées, le tout, le temps d’une réflexion voire d’un clash puis tout repart avec un poids en moins mais aussi un secret ou une crainte révélés et un gain de maturité. Par ailleurs, on se trouve plusieurs fois confrontés à la perspective de la mort ce qui se révèle être des moments d’intense remise en question. Le style est simple, souvent incisif et cru quand il parle de sexe, bref, on se sent dans la normalité de tous les jours, la mise à nue de sentiments qui couvent depuis longtemps en plus.
Au travers de « l’amnésie », « la lettre », « le camion », « le chat » (où l’on plonge dans les pensées d’un félin, au final seul personnage capable d’aimer sans concession selon moi) et « le professeur de dessin » que l’on peut lire dans le sens que l’on souhaite, il ne sera question que d’amour, amour qui est décliné en une palette de sentiments. Autre point : généralement, le texte met en valeur un personnage féminin qui se raconte à la première personne. Les nouvelles n’ont certes pas toutes la même intensité, ni la même malice, mais elles se lisent toutes avec grand plaisir. Et si ces questions nous interpellent par leur singulière banalité, c’est parce qu’elles sont intemporelles et parce que l’amour se cache au fond de tous les cœurs.