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Têtesaclaques.tv : le phénomène québécois

Ecrit par Justine Andanson
le 1 juin 2010

Si vous pensez qu’en matière de têtes à claques, les Québécois en avaient déjà fait assez en la personne de Céline Dion (qui est, entendons-nous bien, une fille absolument charmante lorsqu’elle veut bien s’abstenir de hur…chanter. Avis perso bien sûr.) et que les habitants de la Belle Province n’avaient donc nul besoin d’aggraver leur cas […]

Si vous pensez qu’en matière de têtes à claques, les Québécois en avaient déjà fait assez en la personne de Céline Dion (qui est, entendons-nous bien, une fille absolument charmante lorsqu’elle veut bien s’abstenir de hur…chanter. Avis perso bien sûr.) et que les habitants de la Belle Province n’avaient donc nul besoin d’aggraver leur cas en donnant naissance à un site Internet de clips humoristiques racontant les tribulations de petits personnages animés (humains, animaux ou même extra-terrestres) appelés les Têtes à claques, eh bien détrompez-vous ! Car ces têtes à claques-là, bien qu’elles soient grossièrement dessinées – en particulier les enfants, qui sont franchement laids – et parfois incompréhensibles (en raison de l’accent québécois très prononcé et des expressions typiques mélangeant français et anglais), n’en sont pas moins tordantes. Pour preuve, voilà déjà un peu plus d’un an qu’elles font rire plusieurs millions d’internautes et gagnent de nouveaux adeptes chaque semaine.

L’aventure des Têtes à claques débute l’été dernier à Montréal où Michel Beaudet, un publicitaire de quarante ans, s’affaire à sculpter des animaux en pâte à modeler dans le but de créer une mini-série éducative destinée aux enfants québécois. Mais après avoir façonné deux grenouilles (qui deviendront Georges et Virginie, les deux héros du tout premier clip mis en ligne), Michel Beaudet se découvre « trop paresseux » – ainsi qu’il le raconte lui-même – pour effectuer le long travail nécessaire à leur animation image par image. Il a alors l’idée de superposer ses propres yeux et bouche sur les têtes de ses personnages, les incrustant puis les modifiant à l’aide d’un ordinateur. C’est ainsi que naît le principe d’animation des Têtes à claques : principe qui, bien que rudimentaire, ajoute cependant à la drôlerie des personnages.

Le site Internet [url=http://www.tetesaclaques.tv]Tetesaclaques.tv[/url] est lancé le 16 août 2006 et en quelques semaines, grâce au bouche à oreille, il devient non seulement extrêmement populaire au Québec mais également l’un des sites francophones les plus visités du Canada. Très vite, les Têtes à claques font figures de phénomène et leurs sketches deviennent cultes. Pour concevoir ces derniers, Michel Beaudet s’est adjoint les services de Hugo Caron, directeur artistique, et de Simon Parizeau, monteur vidéo : les trois compères mettent leurs oeuvres en ligne à raison d’une par semaine. Certaines d’entre elles ont déjà été visionnées par des millions d’internautes : ainsi, le clip Halloween totalise à lui seul plus de onze millions de connexions. Parmi les clips les plus appréciés figurent notamment ceux parodiant les émissions de téléachat : Le Willi Waller, un couteau servant à éplucher les patates, Le LCD Shovel, une pelle à neige avec écran télé intégré et Le Body Toner, une sorte de tapette à mouches qui, utilisée sur vous, vous sculptera sans effort un corps de rêve !
Chacun de ces sketches hilarants a été vu plus de trois millions de fois et leur popularité est telle qu’aux cours des fêtes de fin d’année 2006, de nombreux ‘Willi Waller’ ont été échangé en guise de cadeau de Noël, au point que certains magasins se sont retrouvés en rupture de stock d’épluche-patates! Même le Premier Ministre québécois n’a pas échappé à cet engouement général : lorsqu’un journaliste lui demande ce qu’il souhaite pour l’année 2007, Jean Charest répond « une victoire aux élections et un Willi Waller ! ».

Succès oblige, les Têtes à claques se mettent rapidement à recevoir de nombreuses offres de contrats publicitaires et le site ne tarde pas à générer un important business, géré par son créateur Michel Beaudet via Salambo, la société de production qu’il a lui-même créée à cet effet. En février 2007, les Têtes à claques signent un contrat avec la compagnie de téléphonie canadienne Bell. Puis, elles acceptent de vanter les mérites d’une marque de bonbons américaine, Vertigo (à cette occasion, Michel Beaudet et ses deux acolytes créent tout spécialement trois clips publicitaires dont un mettant en scène deux hommes préhistoriques aux prises avec un dinosaure accro aux sucreries !). En mai 2007, une boisson gazeuse est lancée. S’ajoutent à cela les produits dérivés à l’effigie des Têtes à claques que l’on trouve déjà dans certains magasins et que les créateurs du site projettent de mettre également en vente dans une boutique en ligne. Enfin, depuis le 15 août dernier, les Têtes à claques sont les vedettes d’une campagne de publicité pour SFR. Pour cette campagne – appelée Ca va ouatcher et qui comprend trois mini films visibles sur le web, des spots radio et cinéma, et de l’affichage –, Michel Beaudet a spécialement créé quatre nouveaux personnages, Sunny, Paco, Mia et Crystal : tous évoluent dans un décor français mais ont cependant conservé l’accent québécois. Tous ces contrats ont rapporté beaucoup d’argent aux Têtes à claques et leur site est actuellement évalué à 12 millions de dollars canadiens, c’est-à-dire plus de 8 millions d’euros.

Depuis leur création, les Têtes à claques n’ont connu qu’un seul accident de parcours : au printemps dernier, Québec Pluriel, un organisme d’intégration des immigrés, porte plainte contre elles auprès de la Commission Canadienne des Droits de la Personne pour diffamation et racisme après la mise en ligne du sketch Le cannibale dans lequel on peut voir un couple québécois qui, voyageant en Afrique, se retrouve en train de mijoter dans la marmite d’un cannibale. Ce qui révolte particulièrement Québec Pluriel dans ce clip, c’est qu’on y entend le couple donner le nom de Kunta Kinté au cannibale ; or Kunta Kinté est un héros de la résistance à l’esclavage, et l’ancêtre d’Alex Haley, un écrivain afro-américain qui, dans les années 1970, a reçu le Prix Pulitzer pour son roman Roots relatant l’histoire d’une famille d’esclaves aux Etats-Unis, depuis Kunta Kinté, le premier déporté, jusqu’à l’abolition de l’esclavage. De son côté, Michel Beaudet se défend de toute intention raciste et refuse de retirer le clip du site, qualifiant Québec Pluriel de « petit groupe à la vision paranoïaque à qui on ne peut permettre de nous dicter de ce quoi on doit rire ».

Cet incident n’a cependant pas empêché les Têtes à claques de gagner encore un peu plus d’adeptes au cours de ces derniers mois, surtout depuis que le phénomène s’étend hors des frontières du Québec et touche d’autres pays francophones, notamment la France où des milliers d’internautes se connectent chaque jour sur leur site. Succès somme toute mérité car il faut bien avouer que la plupart des sketches sont très drôles et certains même carrément tordants.

A voir absolument : Le lapin, où un lapin se plaint d’être considéré comme un obsédé sexuel par les humains ; la série des Pilote, qui raille la tendance des Américains à voir des terroristes partout ; L’anniversaire ; les parodies de téléachat que j’ai déjà mentionnées plus haut ; Le camping où l’on croise un ours qui n’aime pas le dentifrice ; La prise d’otages ; Paris et La réception. Ne ratez pas non plus le clip de la semaine dernière, Miss Québec Super Body, qui réjouira toutes celles qui, comme moi, n’en peuvent plus de toutes ces stupides élections de Miss (ou de toutes ces élections de Miss stupides, d’ailleurs) !

Par Caroline Salvetti

#Canada #claques #comique #drôle #fun #Internet #Québec #rire #têtes #tv #web
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