exposition

Au coeur d’ « A corps ouvert »

Ecrit par Justine Andanson
le 1 juin 2010

« OUR BODY / À CORPS OUVERT est une exposition fascinante, à la fois artistique et éducative, qui présente de véritables corps et organes humains. Destinée à tous, cette exposition va littéralement «sous la peau», et révèle les mystères de l’anatomie de l’homme. » A notre tour d’aller sous la peau de cette exposition et […]

« OUR BODY / À CORPS OUVERT est une exposition fascinante, à la fois artistique et éducative, qui présente de véritables corps et organes humains. Destinée à tous, cette exposition va littéralement «sous la peau», et révèle les mystères de l’anatomie de l’homme. » A notre tour d’aller sous la peau de cette exposition et de savoir ce qu’il se cache réellement derrière…
Que ce soit aux Etats-Unis, au Canada, en Allemagne ou en France, l’exposition « Our body/ A corps ouverts » ne passe pas inaperçue. Vue par plus de 30 millions de visiteurs dans le monde, elle vient d’être interdite par la justice française depuis hier, mardi 21 avril 2009. La manifestation qui se tenait à l’Espace 12 Madeleine à Paris depuis le 12 février, a désormais 24h pour fermer ses portes et dresser par huissier de justice, la liste des cadavres exposés. Qu’en est-il réellement de cette exposition ? Qui sont les réfractaires de l’événement et leurs arguments? Qu’en pensent ses organisateurs ?

Tout d’abord pour ceux qui n’auraient pas entendu parler de l’exposition lors de son passage à Lyon, Marseille ou bien Paris, il s’agit d’exposer des corps humains (des vrais, oui oui, là est tout le problème!) mis en situations de la vie quotidienne ou alors découpés, dépecés ou éviscérés. Selon les organisateurs, c’est dans un but artistique, pédagogique et scientifique que se déroule la manifestation. Avec pour Grande Cause nationale 2009, les dons d’organes, de sang, de plaquettes et de moelle osseuse, l’exposition, toujours dans son but de sensibilisation du public, a voulu servir de relais en accueillant les associations caritatives représentatives.

Présenté dans ce lieu privé qu’est l’Espace Madeleine, l’exposition s’était vu refuser à la Cité des sciences et au musée de l’Homme en raison de l’avis donné par le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE). En effet, celui-ci avait expliqué que l’exposition « n’est pas sans rappeler le traitement des cadavres dans les camps d’extermination lors de la dernière guerre » et que l’exhibition des corps constitue une atteinte à l’identité des individus qu’ils ont été et à leur dignité. Malgré cela, l’exposition devait se poursuivre au Parc Floral, du 22 mai au 23 août.

D’où viennent ces corps ?
Seulement les défenseurs des droits humains (« Solidarité Chine », « Ensemble contre la peine de mort » qui ont demandé l’interdiction) ont surgi pour s’indigner et s’interroger. En effet, d’où viennent ces 17 corps de jeunes hommes et femmes chinois? Aucune indication lors de l’exposition, peu d’interrogation parmi les visiteurs. Pourtant le problème est là. Pascal Bernardin, le diffuseur de l’exposition et le Dr Hervé Laurent, commissaire scientifique de l’exposition, ont rappelé que les corps exposés appartenaient à une fondation chinoise (inconnue des milieux scientifiques) et qu’ils avaient été obtenus légalement; le donneur ou sa famille aurait donné leur accord. Pourtant aucune traçabilité n’a pu être établie. Mais qui s’est réellement posé la question de la provenance de ces cadavres fournis par une fondation en Chine? Pourtant les pratiques judiciaires et carcérales de ce pays sont sans cesse dénoncées par toutes les organisations de défenses des droits de l’homme. Les corps et les organes présentés dans Our body/ A corps ouvert sont conservés selon le procédé de plastination de Van Hagens. Et celui-ci reconnaît lui-même, la possibilité d’avoir utilisé des corps de prisonniers chinois dans son entreprise. Les soupçons aux trafics s’installent pour de bon.

Pas de cimetière sous les projecteurs

Se basant sur l’article 16 du Code Civil indiquant que le respect dû au corps humain ne cesse pas après la mort, le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris a interdit l’exposition anatomique, jugeant que « l’espace assigné par la loi au cadavre est le cimetière ». La société Encore Events, organisatrice de l’exposition devait faire appel dans la journée mais en attendant l’examen d’appel, la manifestation devra fermer ses portes. « Ça me paraît aberrant comme jugement. Il y a 18 à 20 expositions anatomiques du même type qui tournent en ce moment à travers le monde, aux États-Unis ou en Europe, et qui n’ont jamais été interdites. » s’est exclamé Pascal Bernardin. C’était surement sans savoir que l’ancien prisonnier politique chinois réfugié aux États-Unis, Harry Wu, a réussi à faire interdire la manifestation dans plusieurs états américains. En effet, ce dernier reste convaincu que certains corps utilisés lors d’expositions similaires à celle de Paris, sont ceux de condamnés à mort chinois.

Ne pouvant totalement nié le but lucratif de la société Encore Events (15,50 euros l’entrée), le juge a rappelé que la loi « prohibe les conventions ayant pour effet de marchandiser le corps ». Mais surtout, il juge un manquement au « respect dû » au corps humain. D’après Hélène Labbouz, présidente d’« Ensemble contre la peine de mort », « de nombreux indices nous laissent soupçonner qu’il s’agit en effet de condamnés à mort chinois […] Nous avons à ce titre demandé à la société organisatrice, Encore Events, de nous apporter la preuve de l’origine de ces corps, ce qui n’a pas été fait.» Selon la tradition chinoise, la mise en terre d’une personne décédée correspond à l’acte le plus sacré de la vie familiale. « C’est pour cela aussi qu’il n’y a pratiquement personne qui accepte de donner ses organes après la mort » confie Hélène Labbouz. Alors quand on sait que dans de nombreux cas, les parents de suppliciés chinois n’ont pu recueillir la dépouille de leur proche, les questions subsistent…

Au pays de droits de l’homme, l’art et la science n’ont pas encore le dernier mot!

Par Sandrine Cardon

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