banalisation

Trop de sexe, tue le sexe

Ecrit par Sonia Carrère
le 29 juin 2010

A la télé, dans la rue, à l’école, le sexe est partout. On est concerné de plus en plus jeune, et pas toujours pour le bonheur de tous. Quelles sont les conséquences de cette banalisation du sexe ? Témoignages. Quand on regarde des clips musicaux, rares sont ceux où l’on ne voit pas de nana […]

A la télé, dans la rue, à l’école, le sexe est partout. On est concerné de plus en plus jeune, et pas toujours pour le bonheur de tous. Quelles sont les conséquences de cette banalisation du sexe ? Témoignages.

Quand on regarde des clips musicaux, rares sont ceux où l’on ne voit pas de nana dénudée, en train de se frotter à un rappeur. Côté télé-réalité, que ce soit dans Secret Story ou encore dans Dilemme (la nouvelle real tv que W9 diffuse en ce moment), on est aussi dans du haut niveau !

Les ébats sexuels de Loana, mais aussi les histoires de fesses du couple lesbien de Secret Story, tout est visible à des heures de grande écoute. Le sexe est à la portée de tous, même gratuitement. Vous voulez voir un porno ? En moins d’une minute, on en trouve un sur le net. Et si on veut voir comment se comporte Paris Hilton ou Kim Kardashian au lit, rien n’est plus simple à trouver.

Depuis quelques temps, il existe des soirées de débauche totale, les soirées « Skins Party ». Des ados se lancent dans toutes sortes de pratiques sexuelles, et personne n’est choqué. Alors oui, le sexe se démocratise et beaucoup en sont ravis, sous prétexte de liberté sexuelle. Mais imaginons notre petite sœur, notre enfant, ou notre maman dans ce genre de soirées… Les pendules sont vites remises à l’heure ! 

Soirée Skins Party

«  En tant que maman, je trouve qu’on vit dans une époque de grande décadence. Dès qu’on allume la télé, on voit une publicité de personnes d’un certain âge parler de problèmes d’érection, alors qu’on est en pleine journée, donc à la portée des enfants. Toutes ces émissions de télé réalité, comme « L’amour est aveugle », poussent les candidats à se toucher et s’embrasser à pleine bouche, et même à faire plus, sans aucune honte, devant tout le monde. A l’ouverture de l’émission « Dilemme », le premier candidat arrive nu avec une pancarte… C’est honteux. Les enfants qui voient en permanence ces émissions à la télé pensent que la vie est comme telle. Sans pudeur, les candidats prennent les douches ensemble. On doit s’attendre à voir des orgies à n’importe quel moment. Sans être vieux jeu, je pense qu’il y a un minimum de respect. » Sylvie, 47 ans.

« Quand j’étais petite, je rêvais de me marier vierge. Ma sœurétait échangiste ou mélangiste, je n’ai jamais bien compris ce qu’ellefaisait. Ce dont je me souviens par contre, c’est qu’elle était outréequand je lui parlais de virginité jusqu’au mariage, et elle et son marim’ont fait un lavage de cerveau ! Selon elle, le sexe était assezdissocié de l’amour. C’était un genre de passe-temps. Cette vision deschoses que m’inculquait ma grande sœur, un symbole d’exemple etd’autorité pour moi, a affecté ma relation avec le sexe. Plus rien neme choquait, et si je n’avais pas été fleur bleue, je serai sûrementtombée dans des excès, comme les siens. A l’âge de 10 ans, au lieu dejouer à la poupée, on me parlait de sexe comme à un adulte de 25 ans !C’est dur de faire la part des choses et de me créer mes propres règles. » Karine, 22 ans.

« Je pense qu’il y a trop de sexe à la télé, et ça dénature le sexe. Ça s’est tellement banalisé qu’aujourd’hui, qu’il n’y a plus de tabou. Les filles extrêmement dénudées dans la rue, ça ne me fait plus rien, parce que c’est normal maintenant. Même les films pour adultes ne me font aucun effet parce qu’on ne voit que du silicone, tout est dénaturé. Chez les jeunes de cité, une femme qui fait l’amour avec n’importe qui, c’est une trainée. Alors que dans la société actuelle, une fille qui ne va pas vouloir avoir de rapports sexuel va être jugée comme coincée et anormale. J’ai l’impression qu’il y a deux sociétés : d’un côté, une tenue un peu courte peut valoir une réputation de fille facile alors que de l’autre, on encourage à se déshabiller de plus en plus. » Karim, 25 ans.

L’avis du psy
Zoé Piveteau, psychologue clinicienne :

A mon sens, ce qui pause problème, c’est l’absence de repères. Dans les différents témoignages, il y a une grande confusion entre la sexualité et la vulgarité. Avant toute chose, ce qui est médiatisée, et valorisée, c’est la bêtise et l’objectalisation du corps. Les femmes dénudées, les pauses lascives, les propos sexuels ne sont montrés que dans la débauche.

La sensualité est complètement absente, tout comme le partage. Ce qui est montré à voir, c’est le narcissisme débordant et blessé de ces personnes avant tout perdues. Perdues car sans repères concernant le charme, l’indéfini, la séduction et surtout la subjectivité. Ces personnes ne pensent pas être aimées pour ce qu’elles sont, mais pour l’image à laquelle elles essayent de coller, ou pour ce qu’elles donnent. Et ce qu’elles donnent, justement c’est un objet de fantasme, un support pour la personne lambda, qui en les voyant à travers son écran ou sur papier glacé, va pouvoir se dire  » c’est comme ça qu’il faut être, si j’étais si bien roulée, ou si mon mari était aussi entreprenant, ou tout simplement, si je le croise, je veux être à lui …« .

La liberté sexuelle, c’est de pouvoir la vivre sans se sentir brimé ou honteux. Mais la liberté sexuelle comme toute libertée, s’arrête où commence celle des autres. Faire l’étalage de son cul ou de ses seins sur toutes les chaînes, ce n’est pas être libre, à l’inverse, c’est donner faire de son corps un objet.

D’autre part, concernant les orgies et les trios, ils ont toujours existé.Ce qui est difficile, c’est de se positionner en tant que personne désirante en lien avec son éducation, ses croyances, ses besoins, ses fantasmes. C’est le défi de chaque ado, chaque adulte. On se cherche pour se trouver, le chemin, le chemin de chacun n’est pas le même, pour certain c’est plus compliqué, plus long.

Ces trois témoignages, issus de trois personnes complètement différentes dans leur sexe et leur âge, sont authentiques dans leurs questionnements et représentatifs des interrogations de la population lambda. La question que l’on peut tous se poser aujourd’hui, qu’importe notre milieu social et nos expériences sexuelles est la suivante : à la vitesse où se dégrade un sexe omniprésent, et où se dégrade la vision même des rapports sexuels, où en seront-nous dans dix ans, quand nous serons peut-être parents ? 

Par Sonia Carrère

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