créateur

Focus sur le créateur ERIC TIBUSCH

Ecrit par Justine Andanson
le 19 mai 2011

Monsieur Tibusch est depuis toujours passionné par le stylisme et la mode. Il fut remarqué en 1998 par Jean Paul Gaultier, qui l’intégrera par la suite à sa célèbre Maison de haute couture, et lui confiera notamment la responsabilité de ses défilés à l’étranger. Il décide de créer alors sa propre maison de couture en juillet 2006, à l’âge de 34 ans.

Mini biographie

Né en 1972, Eric Tibusch est d’origine française, plus particulièrement de Bonifacio en corse du sud, puis il découvre la Polynésie Française à l’âge de 3 ans, et depuis son enfance, il se partage entre la Corse et Tahiti, qu’il quittera alors à l’âge de 12 ans…

Son statut d’invité permanent à la Chambre syndicale de la Haute couture fait de lui un artiste à part entière.

Chronologie de ses collections

A travers des idées farfelues et des tenues extravagantes, chaque saison a un thème bien précis :

Sa première collection, 2006/2007, « Bonheur » ; où il conjugue l’élégance tahitienne à la couture parisienne, tel un hommage à ses deux cultures.

Printemps-Été 2007 « Les parisiennes sont toujours là », dédiée à l’élégance française, particulièrement sur la parisienne…

Automne-Hiver 2007/2008 « Meurtre aux Champs-Elysées », une collection quelque peu dramatique, où il a voulu traiter l’émancipation de la femme à travers un polar, basé sur le thème d’un meurtre… Des mélanges masculins, féminins, de la fourrure et des soies rouges sangs et noires.

Les pièces phares de cette collection sont les robes en incrustation de passementeries, des tailleurs slim en prince de galles pur lin, enduit et métallisé de cuivre.

P.E 2008 « Zéro-tic » ; cette collection a valu son exposition durant deux mois au sein de la galerie d’art contemporain V.I.A d’une pièce phare : le Caftan « Shimujin » en tissage pur lin dévoré, rebrodé de laine, cannetille et pampille, puis gaufré avec une métallisation argentée.

Une collection pure couture axée sur la sensualité, l’érotisme, la séduction et l’amour, et qui habille une cliente très contemporaine. Le corps des mannequins était entièrement pailletés, ajoutant une nouvelle force à l’ émancipation de la femme.

A.H 2008/09 « Anti-chambre » une collection personnifiée en une Globetrotteuse, qui se retrouve dans son « anti-chambre » et qui, au grès de ses voyages, associe des mélanges propres à ses différentes découvertes, qu’elle intègre à la culture française : une femme résolument émancipée. (encore une fois, la femme est réellement mis sur un pied d’Estale- on adore Eric ! )

P.E 2009 « Bonnie and Clyde », où il revisite le tailleur, en mettant plus l’accent sur le masculin-féminin, de nouveaux volumes ( robes du soir ou robes de coktails ; lin et mousseline de lin..)

Septembre 2009 : il participe aux 100 ans de L’OREAL.

A.H 2009/10 « Évolution » ; une collection très rock’n roll, inspiré par la musique, célébrant la femme Couture d'aujourd'hui, résolument vénéneuse…

P.E 2010 « Orbital » ; les maîtres mots sont les volumes et l’espace : inspiré par l’univers cinématographique de Stanley Kubrick, Eric nous plonge dans une galaxie raffinée et futuriste, en jouant plus que jamais des volumes et des proportions.

A.E 2010/11 « Légende » ; une collection placé sous le signe du spectaculaire, en convoquant des univers de légendes mythiques, contemporaines ou urbaines, inspiré par les files de Tim Burton cette fois-ci.

Et pour terminer, « Androïde » pour sa dernière collection, Printemps-Eté 2011 ; où l’on voit la femme venir d’un temps lointain ; on assiste donc encore à une femme très futuriste, voire robotisée, revisitée par différentes cultures. Boléro over size, manche tuyaux et maxi, filet de pêche, détails en miroir…

Ses inspirations & sa dévise

Il s’inspire évidemment de ses voyages, mais visiblement beaucoup du cinéma, grâce à des films fantastiques et extravagants, réalisés par Stanley Kubrick ou bien Tim Burton ; mais également par sa mère, qu’il admirait beaucoup, il le dit lui-même « Il ressort aussi beaucoup de l’image de ma maman, qui était une femme très coquette… ».

Le couturier a un univers bien à lui. En effet, à travers toutes ses collections, différents styles et cultures se mêlent. Pourtant, il qualifie son style, de tout simplement « moderne, contemporaine, mais surtout confortable et pratique »…

Le message qu’il veut faire passer à travers ses pièces, et qui est commun à toutes ses collections est le suivant : dire aux femmes qu’il faut oser, et qu’il ne faut pas avoir peur de dévoiler son corps.

Il cite, à travers une interwiew « … aujourd’hui ce que je prône, c’est avant tout la liberté des femmes, et leur émancipation financière totale. Toutefois, la séduction reste très importante ! »

Pour clore cette présentation d'Eric Tibusch, voici une petite Interview de ce grand monsieur :

Est-ce difficile pour un créateur de Haute Couture de remplir tous les critères définis par la Chambre Syndicale de la couture parisienne ?

Oui et non et c’est une très bonne question que vous me posez. Pour souvent, il s’agit encore de règles trop archaïques, elles ont été un peu assouplies mais nos réalités économiques d’aujourd’hui ne sont plus les mêmes.

On donne peu de chance aux nouveaux talents ou maisons de couture de voir le jour. Cela reste très difficile et certainement plus encore pour les maisons françaises. Peu de maisons ont cette précieuse appellation et elles sont connues de tous et partout dans le monde. Elles sont, de part leur nom et leur travail, les piliers de ce savoir-faire de la haute couture.

Et vous savez, dans notre métier, les retombées médiatiques y sont pour beaucoup dans le succès d'une maison ou d'une collection. Il est triste également de voir que la presse française, à part quelques exceptions, ne soutient plus la création et dédaigne ce calendrier dit « off » dont je fais partie.

En tout cas, peu importe, maison française ou étrangère, derrière chaque collection, vous avez du travail et tout le monde a le droit de le montrer sans distinction.

Et ce serait bien que les jeunes maisons françaises soient aidées et soutenues, comme c'est le cas en Grande Bretagne, aux Etats-Unis…

Le domaine de la Haute Couture a-t-il toujours été une vocation pour vous ?

Non, j ai commencé par le prêt-à-porter et en 1998, j’ai eu la chance de pouvoir rentrer dans une grande maison de couture et ce fut une révélation pour moi.

Combien y a-t-il de personnes qui travaillent dans votre maison de couture ?

Nous sommes 4 personnes à plein temps, avec des prestataires de services et des équipes de petites mains pendant les collections.

Qu’avez-vous retenu de vos expériences auprès des grands couturiers ?

J’y ai appris énormément ! Tous ont tous leur propre façon de travailler et les écarts parfois sont abyssaux. Ce métier doit rester une passion car votre implication est sans limite. Si vous n’acceptez pas cette implication, alors il est préférable de changer d’orientation.

Quels sont les matières avec lesquelles vous aimez travailler ?

J'aime beaucoup travailler avec les matières nobles car le tissu est très important dans le rendu final, mais j’aime aussi tester de nouvelles matières, comme le cristal, le bois, le verre, les fleurs éternelles etc.

Pourquoi pensez-vous qu'il ne reste plus que 10 maisons en 2011 qui font de la Haute Couture ?

Oui notre pays a énormément perdu de maisons et la diminution est aussi liée à ce que je disais précédemment sur les vielles règles de la chambre syndicale. Vous savez, il ne faut pas se voiler la face, les maisons qui ont l’appellation haute couture vendent mieux leurs parfums et accessoires que leurs collections. Mais l’image est entièrement reposée uniquement sur la couture et le prêt-à-porter ne distille que des essences de la couture. Malgré cela la haute couture reste très rentable car la couverture médiatique que génère les défilés représente des millions d’euro de budgets publicitaires et les ventes s’envolent en fonction de vos collections couture.

N’oublions pas qu’à l’origine nos métiers consistaient à habiller des clients. C’était de l’artisanat et du service. Aujourd’hui, plusieurs maisons ne vivent uniquement que de cela. Mais sans soutien ni aide. Alors leurs champs d’action restent souvent limités voir impossible dans une telle conjoncture. Aujourd’hui, il est nécessaire d’avoir un soutien financier pour se développer.

Quels sont les problèmes rencontrés par le couturier qui exerce la Haute Couture ?

La disparition des savoir-faire, des matières, de la main d’œuvre mais aussi les prix qui n’arrangent pas la donne sur le prix de revient des collections. Les différents calendriers des défilés qui sont trop rapprochés… Une collection Couture vous accapare beaucoup de temps plus qu’une autre, c’est comme un laboratoire de recherches.

D’où viennent les clients de Haute Couture ?

Ils viennent du monde entier et sont de plus en plus jeunes. Pour exemple, nous avons créé récemment une robe de mariée pour une cliente, ce fut une expérience inoubliable car la robe comportait, pas loin de 750 heures de travail.

Lorsque vous commencez à porter du sur-mesure, il est très difficile de quitter la seconde peau que vous offre la couture pour retourner vers du prêt-à-porter. Et là, je cite ma cliente ! Néanmoins, la haute couture souffre aussi d'une image un peu rigide, inaccessible et vieux jeu.

Quels sont selon vous les avantages et inconvénients d’être un créateur de couture par rapport à un couturier de prêt-à-porter ?

L’avantage est que nous sommes moins limités dans notre créativité car nous osons plus. La collection peut être transposée entièrement pour des clientes en fonction de leur désidérata. Mais les inconvénients sont divers, plus de responsabilités, plus de risques, plus de temps et plus d’investissement financier.

Comment « être rentable » pour une maison de couture ?

Il faut commencer par gérer le gaspillage, avoir une politique de prix honnêtes et il est très important de rester en phase avec notre époque. Le nombre d’essayages avant la livraison de la commande est réduit car aujourd’hui tout va très vite mais paradoxalement les qualités et les savoir faire ont également augmenté et dépassé l'âge d’or de la couture.

Pensez-vous que la Haute Couture existera toujours dans 50 ans si les critères de la Chambre Syndicale restent les mêmes ?

Oui elle existera toujours car il ne faut pas oublier qu’elle fait partie de notre ADN. Mais je la vois plus en devenir d’un très beau prêt-à-porter de luxe que l’excellence que nous connaissons. A force de vouloir trouver des solutions pour dynamiser cette vielle dame, cela pourrait également l’asphyxier.

En tout cas, on l’adore pour ce qu’il est et pour ses incroyables créations. Un homme vrai qui a de réelles valeurs, et qui les prône à travers son art. Bravo Eric !

Par Fiona Polichiso

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