Prince

Interview du Prince Miiaou

Ecrit par Macha Paquis
le 21 juin 2011

Une jolie blonde devant nous. Un peu fofolle, très pétillante, et un brin timide aussi…, Maud-Elisa Mandeau, alias Le Prince Miiaou, s’est volontiers prêtée au jeu de l’interview, à l’occasion d’une tournée bien entamée et de son troisième album déjà dans les bacs, « Fill the blank with your own emptiness ». Celle qui monte […]

Une jolie blonde devant nous. Un peu fofolle, très pétillante, et un brin timide aussi…, Maud-Elisa Mandeau, alias Le Prince Miiaou, s’est volontiers prêtée au jeu de l’interview, à l’occasion d’une tournée bien entamée et de son troisième album déjà dans les bacs, « Fill the blank with your own emptiness ».

Celle qui monte facilement dans les aigus en chantant se plaint quelque peu de sa « voix grave dès le matin » mais c’est avec une grande sincérité, voire parfois des gros mots qui s’échappent (on lui a promis de ne pas les retranscrire !) qu’elle répond à toutes nos questions.

Pourquoi as-tu choisi ce nom de « Prince Miiaou » ?

Je n’avais pas prévu qu’un jour on parlerait du Prince Miiaou, donc je n‘ai pas trop réfléchi. Un jour j’ai ouvert un livre de contes pour enfants et j’ai pris le nom qui me plaisait le plus. Et je me suis dit « ça c’est bien », parce que j’avais pas envie d’être encore une énième chanteuse à prénom. J’avais envie de brouiller les pistes, mettre un nom masculin alors que je suis une fille, on sait pas trop si c’est un groupe… Ce qui me gène un tout petit peu c’est que ça fait un peu chanson française, ça reflète pas du tout la musique que je fais. Mais bon, un jour peut-être les gens sauront…

Mais est-ce que tu évoques ton nom dans ton univers et dans tes clips ?

Non, enfin je n’ai pas l’impression. Je ne suis pas décorée de chats, il n’y en a pas plein dans mes clips. Non mais ce côté un peu conte… Si j’ai encore des livres de contes à mon âge c’est que j’ai un côté enfantin, onirique. J’aime bien aller puiser là-dedans pour les clips ou les paroles, ou pour m’occuper tout simplement. Je me sers de ce côté « féérique », je préfère même dire naïf.

Et comment définirais-tu ta musique ? Puisque tu dis que ton nom ne reflète pas ce que tu fais.

C’est très dur comme question. Ma musique est assez rock, avec des influences anglo-saxonnes, comme Radiohead et PJ Harvey. Et puis aussi tout ce qui sort un peu en ce moment, comme Foals, Florence and The Machine, Cold War Kids, Arcade Fire… J’écoute plutôt mes contemporains, je n’ai pas une grande culture rock des années 1950 à 1970, et je n’ai pas la curiosité d’aller vers ce qui est plus ancien. Je dirai que ma musique est rock-pop-indé.

Là c’est la sortie de ton 3ème album. Est-ce que tu as rencontré des difficultés ? Des grands kiffes ?

J’ai surtout rencontré des difficultés pour créer. C’était compliqué parce que je me suis mis la pression, du coup c’était paralysant, et dès que je commençais un morceau je me disais « oh non, c’est nul, va pas plus loin » Je bloquais tout le temps.

Mon grand kiffe ça a été un soir où j’ai réussi à faire un morceau en une nuit, en quelques heures, que j’aime beaucoup en plus, « I don’t know my name ». Et ça faisait du bien au milieu de tout le travail très laborieux et frustrant.

T’as déjà fait maintenant plusieurs scènes. On te connaissait timide : est- ce que ça va mieux?

Oui ça va beaucoup mieux sur scène, je ne suis presque plus timide, sauf certains soirs quand il n’y a pas beaucoup de public ça me met mal à l’aise, ou quand je fais trop d’erreur à la suite, le reste du concert je me referme un peu comme une huître. Mais j’ai vraiment de moins en moins en peur, et je suis même plutôt extravertie sur scène. C’est chouette, je saute, je parle aux gens…

 C’est toi ou un autre personnage sur scène?

C’est moi décomplexée. C’est mon moi rêvé.

Est-ce que tu aimes autant composer qu’être sur scène ?

Pour l’instant pas encore, je préfère quand même composer plutôt que jouer. Je préfère ce côté en solo, prendre son temps, créer, plutôt que le côté performance devant du public.

 Et dans la composition, qu’est-ce qui te donne le plus de difficultés ?

 Les paroles clairement, et les structures aussi. Comme c’est le troisième album, c’est dur parce que j’essayais de ne pas me répéter. Aussi les mots, j’avais pas grand chose à dire sur cet album : j’ai inventé des histoires, alors qu’avant j’écrivais ce que je ressentais.

Et tu t’inspires de quoi pour écrire ?

De tout ce qu’il y a autour de moi dans la pièce où je suis. Ça peut être des insectes qui marchent, des photos… Et plus largement des films que j’ai vu, des livres que je lis, des gens qui parlent autour de moi.

Il y a des gens que tu rencontres parfois et qui te donnent envie d’écrire une chanson ?

C’est arrivé. J’ai déjà fait tout un album sur la même personne, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Est-ce que tu envisages un jour de faire un duo ?

Ca peut complètement m’arriver ! J’ai failli faire des duos avec Troy Von Balthazar, on voulait mélanger un peu les voix. Mais j’aimerai beaucoup mettre la voix de quelqu’un que j’aime bien sur des mots à moi. Après l’inverse, oui je l’ai fait aussi, j’ai un peu chanté pour d’autres gens.

 Avec qui tu pourrais chanter ? Une autre chanteuse ou plutôt un mec ?

J’en sais rien… J’irai bien jouer de la guitare dans Foals ou j’aimerai bien jouer avec Florence and The Machine, mais plutôt sur scène en tant que musicienne qu’en tant qu’artiste, que chanteuse.

Les morceaux que tu ne te lasses pas d’écouter ?

« Skinny Love » de Bon Iver. « Spanish Sahara » de Foals. Même si ça fait trois-quatre mois que j’écoute pas du tout de musique chez moi.

C’est marrant pour une musicienne…

Quand on pratique son instrument, on peut pas mettre de la musique en même temps.

 Et tu réécoutes ta propre musique ?

Non. Enfin je suis quand même obligée, je la réécoute le jour où je l’ai composée, le lendemain et le surlendemain, après je ne l’écoute plus.

Ca t’arrive d’oublier les paroles ?

 Oui, alors ça c’est nouveau. Je me trompe sur scène, je confonds tout, parce que j’ai beaucoup de paroles sur cet album mais déclinées en plusieurs fins. Et ça m’insupporte de me tromper !

Et si tu devais reprendre une chanson d’un de tes premiers albums, est-ce que t’arriverais à la chanter ?

Oui, oui, je me rappelle des paroles. Le premier album est en français, donc ça a plus de sens dans ma tête, je sais que je ne vais pas oublier un mot, quoique je le faisais dans ma chanson « No Compassion Available ».

Est-ce qu’écrire de la musique en anglais, c’est ton premier souhait ?

Non, le premier album était pour les 3/4 en français par exemple. En fait ça dépend de la musique que j’écoute au moment où je fais les albums. Pour le premier album j’écoutais Encre, un projet à la Bashung : tout était en français et ça m’a donné envie de faire ça. Après, quand j’ai découvert Arcade Fire, j’ai eu envie d’aller dans le rock anglo-saxon. Soit le texte en français me vient, soit il ne vient pas. Je ne vais pas le chercher en tout cas.

Il faut quand même être un peu bilingue pour pouvoir écrire en anglais ?

Je suis ni anglaise ni bilingue, donc il y a beaucoup d’erreurs dans mes paroles. Mon frère, qui est très bon en anglais théorique, me corrige mes fautes. Au moment de l’enregistrement il y a plusieurs personnes qui m’ont aidée sur Facebook, qui m’expliquaient les règles et tout ça : c’était un peu de manière impersonnelle, mais en même temps très participatif. J’ai trouvé ça super cool.

Des bouquins ?

 Récemment j’ai lu La conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole, Un monde sans fin de Ken Follet. J’adore tous ces trucs du Moyen-âge, apprendre des choses sur l’Histoire de manière ludique. J’ai aussi lu un Harlan Coben, mais je le déconseille car je trouve ça très mauvais, surtout avec la traduction française : toutes les blagues tombent à l’eau. Les films sont mieux.

Un prochain voyage à l’horizon ?

La tournée c’est un vrai voyage, on va dans une ville différente tous les jours. J’essaierai aussi de partir une semaine en septembre avec mon copain. J’ai vraiment besoin de plage, de chaise longue, et d’un bon livre, pour me remettre de toute cette année chargée.

Ton plus gros défaut ?

 Je suis très désagréable avec les gens, quand je suis stressée ou fatiguée.

Ta plus grande qualité ?

 Je prends très soin des autres, je suis très altruiste. Je suis dans l’empathie. Je suis aussi créative, c’est une qualité non ?

Le conseil que tu donnerais à une débutante en musique ?

Il faut vraiment travailler, beaucoup. Si tu travailles pas, tu te casses très vite les dents. Mes premières scènes, à 18 ans, ça a été horrible parce que je ne savais pas faire ce que je devais faire, et c’était une catastrophe devant tout le monde.

En tant qu’artiste, qu’est-ce que tu penses des émissions du genre X Factor … ?

Je n’ai pas de télé depuis au moins 8 ans. Mais ça me déprime ces émissions, même quand je vois certaines personnes qui ont du talent. Je comprends que si c’est leur rêve elles aient envie d’y arriver par tous les moyens, mais on leur vend un truc qui est faux. En fait je n’aime pas l’idée d’être connu, c’est pas pour ça que je fais de la musique. Je n’aime pas non plus le côté concurrence, les vannes pour critiquer…

Tes projets ?

Des clips que je vais faire, avec une nouveauté : j’ai envie de collaborer avec quelqu’un, ça va être dur parce que dans ces cas-là je suis très timide. Je vais en tourner un cet été dans mon village : je voudrais filmer une compétition de natation d’enfants dans la piscine municipale, sur « I Love Nobody« , où j’explique que j’ai peur quand je monte en haut d’un arbre, en l’occurrence d’un plongeoir. C’est un peu une métaphore de la scène. Je voudrais des couleurs un peu années 1970, avec des contrastes. J’ai plein d’idées en vrac.

J’ai aussi plein de concerts prévus, j’aimerai recommencer à composer, réarranger certains morceaux. Et aussi aller démarcher à l’international avec mon équipe : l’Allemagne, le Japon, la Chine…

Tu as participé au festival Les Femmes s’en mêlent : est-ce que ça t’a plu ?

Je ne me suis pas sentie dans un grand festival, ça ressemblait aux concerts qu’on peut faire à La Flèche d’Or. C’est un concert de filles en fait. Je ne suis pas du tout engagée dans la cause féminine, je ne suis pas militante, même si je ne me laisserai pas marcher sur les pieds en tant que femme. C’est bien qu’il y ait un festival qui met les femmes en avant.

J’y ai rencontré Jessy Bulbo : elle montre tout le temps ses seins sur scène, ça m’a beaucoup gênée car j’ai un côté très prude. J’ai baissé la tête pendant tout son concert, mais elle est très gentille, un peu fofolle. J’ai pas trop parlé aux autres artistes : les soirs de concert on n’est pas très sociables, on reste chacun dans notre loge. Parfois on se retrouve après pour faire la fête.

Merci Le Prince Miiaou pour tes réponses ! Les filles, à vos agendas, Le Prince Miiaou est en concert en France jusqu’au 15 juillet.

Par Justine Andanson, en collaboration avec Macha Paquis.

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